Faire revivre des artisanats du Haut Moyen-Age

Techniques -Artisanat

Essais sur stéatite

Cela faisait quelques temps que Micky me demandait si je pouvais lui faire des fusaïoles en stéatite. Comme aujourd’hui il fait moche et qu’il me reste quelques morceaux de différents types de stéatite, je m’y suis essayé.

Je suis parti de petites plaques découpées sur le bloc. J’ai ensuite percé le trou d’axe afin de pouvoir y placer une baguette. J’ai ensuite dégrossi le morceau à la ponceuse bande avant de monter la baguette sur une perceuse. Cela m’a permis, à l’aide de blocs abrasifs, de travailler la symétrie des fusaïoles (détail important pour qu’elles tournent bien).

J’ai réalisé trois pièces de tailles et poids différents afin que Micky puisse les tester et voir quelles sont les particularités de chacune des fusaïoles.

Il ne lui reste plus qu’à filer…

Fusaïole montée : diamètre 54mm – poids 80g

Fusaïole stéatite

Fusaïole stéatite

 

Fusaïole montée : diamètre 55mm – poids 48g

Fusaïole stéatite

Fusaïole stéatite

 

Fusaïole montée : diamètre 26mm – poids 14g

 

Fusaïole stéatite

Fusaïole stéatite

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Collaboration à un projet scolaire

Depuis septembre 2014, nous collaborons avec une classe de Primaire d’une école de Gennevilliers. Cette classe a un projet éducatif ayant pour titre les « Saventuriers des glaces », s’appuyant sur l’héritage des peuples des glaces pour sensibiliser les enfants aux problèmes climatiques. Quel rapport avec nous, allez-vous dire? Et bien nous avons mis certains de nos savoir-faire artisanaux au service de la classe, notamment pour réaliser des couteaux forgés pour les élèves et une peau crue.

Première rencontre

La première rencontre avec les élèves s’est faite à Muchedent, en Normandie, à la Ferme aux Bisons. Au programme: démonstration de forge avec Philippe et explications sur la préparation de peaux avec Micky (qui, pendant son parcours, s’est intéressée au tannage traditionnel des Indiens d’Amérique du Nord).

Nous avions installé notre tente « viking » au milieu des tipis!

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De Muchedent, nous avons ramené dans nos bagages une peau de biche (elle s’était tuée quelques jours avant dans un accident avec un poteau…). Dès notre retour, Micky l’a mise à dessaler pour ensuite pouvoir la travailler.

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On nous a également offert des os de bisons énormes, qui pourront toujours servir à diverses réalisations après nettoyage! Ils seront laissés quelques mois dehors pour les nettoyer au maximum.

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Préparation de la peau crue (rawhide)

Voici les différentes étapes de la préparation de la peau crue. Après un rapide décharnage et nettoyage, on prépare une solution basique à base de cendres de bois. Cette solution va servir à faire gonfler la peau et enlever les poils plus facilement.

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Pour tester la concentration de la solution, on peut se servir du test de l’œuf: si un œuf cru coule, la solution n’est pas assez concentrée, il faut rajouter de la cendre. S’il flotte juste en-dessous de la surface, c’est bon!

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La peau reste normalement plusieurs jours dans cette cuve, nous avons du l’y laisser plus longtemps à cause de la météo. L’essentiel est de la retourner régulièrement et de vérifier qu’il n’y ai pas de pourrissement. Normalement, la solution basique empêche tout développement bactérien. On peut continuer à travailler la peau crue dès que les poils commencent à tomber tout seuls!

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Une fois que tous les poils sont retirés, on peut tendre la peau sur un cadre pour la faire sécher.

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Cette peau était très fine, Micky a donc choisi de ne pas trop la tendre. La météo était exécrable et il a fallu attendre le moment propice pour qu’enfin, un peu de soleil nous aide à bien faire sécher cette peau! C’était aussi le moment idéal pour teinter les derniers tissus de la saison à l’indigo!

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Et voilà! Il y a quelques trous occasionnés par le couteau de celui qui a dépecé la peau. Normale, c’était sa première fois, on ne lui en voudra pas trop!

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cicatricepeauMaintenant, nous avons hâte de voir ce que la classe va faire avec!

Couteaux forgés

Pour la partie forge, Philippe devait réaliser des pièces simples pouvant par la suite être personnalisées par les enfants. Compte-tenu de leur âge, il fallait que les pièces ne soient ni pointues, ni coupantes.

Pour les garçons, nous sommes partis vers un montage plate-semelle afin qu’ils puissent s’approprier leur couteau en utilisant des plaquettes de bois, de la corne ou de la lanière de cuir pour le manche.

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Pour les filles, le professeur avait demandé de réfléchir à un objet en fer forgé autre qu’un couteau. Mais Philippe a aussi réalisé des couteaux inspirés du ulu traditionnel. D’une part, ce couteau est indissociable de la femme dans l’arctique et d’autre part les filles aussi aiment les couteaux.

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Nous attendons avec impatience de voir comment les enfants auront personnalisé leurs couteaux.

 

Et pour un aperçu de la philosophie d’enseignement se cachant derrière ce projet, vous pouvez consulter ce document: « du bienfait de la nature sauvage et des Cultures Premières pour l’enfant des villes »


Du nouveau à l’atelier forge.

Nous cherchons constamment à améliorer nos ateliers respectifs et dans ce but j’ai réalisé deux nouvelles pièces qui me permettront désormais d’être plus « historique ».

La première est un marteau forgé dont la forme s’inspire des pièces de fouilles datant du haut moyen-âge. J’ai réutilisé une vieille tête de marteau que je n’utilisais pas et l’est fortement remaniée afin de lui redonner sa nouvelle forme. Il remplacera celui que j’utilisais depuis un moment déjà (pas très historique et bien trop moderne par sa forme), et c’est donc avec lui que je ferai les démonstrations de forge lors de nos prochaines sorties.

 

Le seconde pièce est une petite corne ronde, également inspirée par des pièces retrouvées lors de fouilles archéologiques, qui vient se planter dans le billot. Elle sera aux côtés de la petite enclume « type Haithabu » qui me sert depuis deux saisons. Il ne me reste plus maintenant qu’à trouver un bloc de grès (transportable…) qui me servira d’enclume. Avec cette pierre et la corne ronde, je pourrai alterner les démonstrations et ainsi montrer au public qu’il est possible d’obtenir le même résultat qu’avec une enclume.

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Fête des Gueux, Verneuil sur Avre 2013

Nous avons monté notre campement, comme chaque année depuis 2009, à Verneuil sur Avre, pour la fête médiévale annuelle, la fête des gueux. Verneuil, c’est sentimental pour nous, c’est là que nous avons fait nos premiers pas dans le médiéval! Au début, c’était très approximatif, mais grâce à de belles rencontres, nous avons pu évoluer et proposer maintenant un campement simple mais cohérent. 😉

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Nous étions installé comme l’année dernière sur la place devant la salle des fêtes, mais cette fois-ci nous n’étions pas cachés par la scène de concert et la circulation du public a été plus facile sur notre camp et sur celui de nos voisins les compagnons pour Hastings. Cette année, Luc Arbogast était la vedette de la fête, effet « the voice » oblige, avec un nouveau public qui n’était pas forcément présent avant! L’atmosphère était donc totalement différente des fêtes précédentes!

Micky sortait d’une semaine de tissage intense et devait reposer un peu ses mains, l’atelier textile était donc plus réduit que d’habitude.

La forge a fonctionné comme d’habitude avec la réalisation de maillons de chaine Xème siècle. Nous avons eu la visite habituelle d’amis reconstituteurs et leur fils de 6 ans rêvait d’essayer la forge, c’est donc sous la surveillance bienveillante et attentive de Philippe qu’il a réalisé un maillon de chaine! Avec des centaines d’étoiles dans les yeux après ça!

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Dernières réalisations historiques

Un petit article pour vous présenter quelques-unes des dernières réalisations historiques de notre association.

Réalisations forge

Philippe a réalisé plusieurs couteaux type scandinave avec soie et manche en buis ou en bouleau:

Il a également testé quelques techniques pour réaliser un umbo de bouclier viking forgé (premier essai, la taille est à adapter ainsi que le matériel pour la réalisation):

Philippe a également réalisé des étriers selon des pièces de fouille anglo-saxonnes (Xème siècle). Ces étriers ont été utilisés sur une selle historique par l’un des membres de la compagnie Blodig Brodre (ici à Villers sur mer en aout 2011):

Réalisations textile

Micky s’est initiée au feutre et a réalisé un bonnet (feutrage à plat avec gabarit) orné d’un galon motif Kekomaki (Finlande, Xème siècle) réalisé en laine filée main:

En tissage aux tablettes, elle a réalisé cette année plusieurs galons inspirées de pièces historiques.

Motif de Moscevaja Balka (Caucase, sur la route de la Soie, VIII-Xème siècle, teintures garance et galles):

Motif plus tardif (Moyen-Age, Halberstadt, Allemagne réalisé en lin):

Motifs de Mammen (Danemark, Xème siècle, en lin):


Un nouveau coffre pour le campement.

Petite présentation de notre nouvel élément de mobilier qui sera désormais présent sur le campement.

Il s’agit donc d’un coffre dont les dimensions sont :

Longueur dans la partie basse 80cm – Longueur dans la partie haute 72cm

Largeur dans la partie basse 31cm – Largeur dans la partie haute 27.5cm

Hauteur 43cm

Pour la réalisation j’ai utilisé une planche de pin de 2.5cm d’épaisseur. Le bois a juste été poncé puis ciré pour conserver l’aspect brut du bois. Pas question de passer une quelconque teinture pour colorer ou foncer le bois.

Les poignées, charnières et clous sont « forgés maison » et s’inspirent de modèles historiques retrouvés à Haithabu.

Voici quelques images :


Nouveau trépied pour le campement

Pour remplacer notre ancien trépied, fonctionnel mais pas historiquement compatible, j’ai forgé un nouvel ensemble.

Le trépied s’inspire du modèle retrouvé sur le bateau d’Oseberg, modèle que l’on retrouve sur presque tous les campements de reconstituteurs scandinaves. Les maillons de la chaîne sont quant à eux inspirés de pièces de fouilles mises au jour à Haithabu. Quelques maillons supplémentaires viendront s’ajouter ainsi qu’un crochet destiné à recevoir l’anse du chaudron.


L’atelier forge s’enrichit.

Nos ateliers ayant avant tout un but pédagogique, nous avons décidé d’enrichir l’atelier forge. Afin, de pouvoir montrer aux visiteurs les différentes techniques utilisées durant la période du haut moyen-âge, nous avons fait l’acquisition d’une enclume en acier qui prendra place aux côtés de l’enclume en pierre.

Cette enclume est une reproduction de pièce de fouille datant de la période viking retrouvée à Haithabu. Ses dimensions sont modestes (hauteur 11cm, table de 6x6cm pour un poids de 1.5kg) car l’acier était difficile à fabriquer et donc cher.

Lors des démonstrations, elle me permettra de réaliser des petits objets de la vie quotidienne tels que des clous, des crochets…


Reproduction de pièces historiques 2010

Nous avons commencé, chacun dans notre spécialité, à reproduire certaines pièces d’après des fouilles. Cela fait partie de la philosophie des ateliers vagabonds de tenter de refaire des objets utilitaires ou décoratifs d’après des pièces d’époque.

  • FORGE

Philippe a utilisé les résultats des fouilles du site de Haithabu (Schleswig, au nord de l’Allemagne, à la limite actuelle du Danemark), ancienne cité commerciale viking entre le VIIIème et Xéme siècle, pour reproduire une crémaillère et des maillons en S:

  • TISSAGE AUX TABLETTES

Micky a reproduit le galon retrouvé à Snartemo, en Norvège. C’est un motif datant du VIème siècle, réalisé en laine en utilisant les couleurs supposées de l’époque:

Elle a également fait une plongée encore plus profonde dans le temps en reproduisant un motif datant du VIème siècle avant J.C. (Age du Fer), d’après une pièce de fouille celte de Hochdorf (Allemagne). Laine teintée garance et gaude :


Au sujet des métiers à tisser aux tablettes

Lors de l’atelier de tissage, j’utilise plusieurs modèles de métiers à tisser aux tablettes ou au peigne, comme ces deux exemples fabriqués en bois par mes soins:

Evidemment, ces modèles ne sont pas « historiques » dans le sens où l’on n’a pas trouvé de tels métiers lors de fouilles archéologiques, ni dans les illustrations plus tardives. Cependant, ces métiers étant en bois, on peut facilement imaginer que celui-ci était recyclé ou brûlé quand il ne servait plus (si je me mets à la place des gens de l’époque, c’est en tout cas ce que je ferais!).

Certaines personnes tissent à la ceinture, ce qui devait sans doute être utilisé à l’époque également, mais j’imagine assez mal des motifs très complexes et longs réalisés à la ceinture… (ceci est une remarque qui n’engage que moi).  Un seul métier monté avec des tablettes datant de la période viking a été retrouvé dans le bateau d’Oseberg, plus ou moins deux barres de bois verticales maintenues par des barres horizontales chevillées… (Norvège, 850 après JC). Des sources iconographiques (enluminures, tapisseries) du Moyen-Age jusqu’au XVIème siècle montrent également ce genre de système pour le tissage aux tablettes!

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Liens pour voir des essais de reconstitution du métier à tisser aux tablettes d’Oseberg:

http://www.re-enactmentevents.com/DarkAge/Norse/OsebergTabletLoom.php

http://willadsenfamily.org/sca/danr_as/tw_loom/oseberg_tablet_weaving_loom.pdf

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Forge « primitive »

Comme les forges traditionnelles sont souvent présentes sur les fêtes médiévales et que nous avons le désir de « voyager léger », nous avons étudié les sources et les moyens pour réaliser une forge « primitive », avec un foyer au sol. Ce type de forge a sans doute été utilisé depuis l’Age du Fer, on sait par exemple que les gaulois utilisaient ce type de forge et travaillaient assis ou accroupis. Les premiers soufflets utilisés étaient sans doute de simple sacs de cuir, mais pour notre forge, nous avons choisi un modèle similaire à ce qu’on peut voir sur la pierre runique de Ramsund (Norvège) c’est à dire des soufflets doubles actionnés en alternance.

De toute manière, une forge au sol, quelle que soit l’époque et la localisation géographique, se doit avant tout d’être simple à mettre en œuvre, aux éléments solides et surtout efficace, puisqu’il va falloir monter à près de 1000°C.

Les soufflets ont été réalisés en bois de pin avec pièces de cuir en tannage végétal, « sacs » de soufflets en peau de chèvre, renforts en peau de cerf crue et clous en fer (semences de tapissier qui se rapprochent visuellement le plus de clous forgés):

L’un des premiers tests de la forge au sol

Le foyer au sol a été réalisé dans un mélange de terre argileuse et de paille concassée. L’ajout de tuyères au bout des soufflets permet de mieux canaliser le flux d’air. Les soufflets sont actionnées alternativement, de façon à ce que de l’air arrive en permanence au foyer.

L’enclume utilisée est un morceau de pierre, ce qui est historiquement correct, l’acier pour une enclume ayant été très longtemps une matière première longue à obtenir (utilisation de bas-fourneaux) et très chère! La pierre que nous pouvions trouver facilement dans notre région et qui se prête bien à cet usage est du grès.

L’ensemble permet d’atteindre une température de forge en quelques minutes seulement.